Le jeudi 5 août 1790, la municipalité de Mamers se réunissait à nouveau au grand complet[1], en vertu de sa délibération de la veille[2], pour délibérer sur la demande de création d’une compagnie de grenadiers de la garde nationale et d’un autre de chasseurs. Mais cette fois-ci elle s’abstenait d’inviter les officiers de la garde nationale. La décision prise montrait bien une volonté de ne pas mettre en place ces deux nouvelles compagnies par la municipalité. Elle décidait en effet de faire dresser par chaque capitaine, en évitant une réunion générale des gardes, un état de chacun des hommes de sa compagnie précisant s’il souhaitait la création des deux nouvelles compagnies ou non, manœuvre dilatoire visant sans doute à désavouer les démarches précédentes des représentants des gardes nationaux. En tout cas une décision remettant en cause « […] la deliberation de MeSSieurs Les Commandants Et officiers De la garde nationalle […][3].
Le commandant de la garde nationale, Monsieur de Frébourg, était chargé quant à lui de faire remonter à la municipalité les états dressés dans les six compagnies[4].
« [En marge-gauche au milieu du feuillet 70 recto :
N.° 98. Grenadiers]
auJourd’huýCinquieme Jour d’aoust Mil SePt Cent quatre Vingt DiX SiX Heures De Relevê
nous Maire, officiers municiPaux Et notables aSSemblés En Execution Du Renvoý Dhier a ce jour Pour Deliberer Entre nous Sur les objets Mantionnés au Requisitoire De Monsieur le Procureur De La Commune, ainsi que Sur la deliberation de MeSSieurs Les Commandants Et officiers De la garde nationalle Dont Lecture a Eté a LInstant Donnés a LaSSemblée.
a ètè arreté qu’il Sera fait de nouveau une aSsemblée cheZ chaque capitaine de compagnie des Gardes nationauX composant Les Gardes [rajout au-dessus : SiX] compaGnies a de Garde nationaux, quil Sera Fait PaR Luý [mot en surcharge de Les capitaines] un etat+[rajout en fin de délibération : +par denomination./.] Sur deuX Colonne de ceuX des Gardes qui consentiroient lerection d’une compaGnie de Grenadiers et d’une autre de chaSseurs et ceuX qui demanderont que la Garde nationale composée des SiX compaGnies actuelles reste dans ce meme etat ou elle est prèsentement et que Si le capitaine ne peut parbeniR à aSsembler Sa compagnie chez lui pour prendre Separement L’avis d’un chacun Il est invité de la part des deliberant à Se transporter chez chaque Garde national ou a Y envoYer un Lieutenant de Sa part pour faire ledit Etat de la manière dont il est demandé par Les deliberants pour apres que chaque etat en Forme dedeliberatoir Sera remis à la municipalité, etre par laSsemblée deliberante Statué ce quil appartiendra Sur le consentement qui lui est demandé aleGard de Lerection des compaGnies deGranadiers et de chaSseur a leFFetde quy# [rajout en fin de délibération : chaque capitaine Sera tenu de Faire Passer Son etat SiGné et certiFFié de lui chez M.r Le commandant qui Voudra bien Faire paSser letout ala municipalité pour a quoy parVenir il [deux lettres rayées non déchiffrées]sera envoYe une expeditionФ[rajout en fin de renvoi : Фde la presente./. ]a M.r de Frebourg pour en instruire tous les capitaines et les enGaGés luimeme à executer Lecontenu en la pièce [mot surchargé]]
Mortier QuelqueJeu Père
Notable Malé P aveline
CHenais Fleury Hardoüin desnos
Luce de rocQuemont Petithomme Abot dubois
Chartier Treboil Varet
Renard
Pour Le GreF.»[5]
[1] Soit les officiers municipaux et les notables, le maire étant toujours absent comme la veille.
[3] Manœuvre qui pouvait entraîner une dégradation des rapports entre la municipalité et la garde nationale de la ville.
[4] On peut penser que M. de Frébourg était lui aussi opposer à la mise en place des deux nouvelles compagnies, en effet les onze août le citoyen Pinceloup (qui faisait partie des membres de la garde nationale favorable au deux nouvelles compagnies) venait le provoquer en duel.
Rappelons une affaire de constitution d’une compagnie de chasseurs par les Sieurs Pinceloup (lui aussi membre de la délégation des gardes nationaux reçue le 3 août 1790 par la municipalité) et Boutard hors de la garde nationale à l’automne 1789, affaire qui finalement avait vu sa conclusion, semble-t-il provisoire, le 7 janvier 1790.
Voir ici
[5] AD72 1MI 1343 (R129).