Le jeudi 7 novembre 1793 la municipalité de Nogent-le-Rotrou tenait deux délibérations consacrées à la réquisition de fusils. C’était d’abord la citoyenne L’Ecuyer qui remettait un fusil laissé chez elle par un lieutenant nommé Greslon qui semblait avoir déserté :
« Cejourd huy dix Septieme jour du Second mois de la 2.e année de la repub. Une et ind.
En l’assemblée du Permanente [ sic ] du conseil General de la Commune de noGent le rotrou tenue publiquement
Est comparue la citoYenne l’Ecuyer laquelle a remis presentement un Fusil de calibre ayant la Bayonnette numeroté a la couche 56 Et Sur le canon 459 gravé Sur le chanfrin de la platine claude miquet a liege, placque de couche de cuivre, quatre porte Bayette aussi en cuivre, la Sous garde Et le porte vis En Fer, deux Grenadieres une Bayette de Fer ; un Guidon Et un collet en cuivre quelle nous a dit etre a un lieutenan nommé Greslon, Compagnie montaudouin Bataillon d Eure et loir qui au lieu de partir avec Son Bataillon Suivant l’ordre Du Commissaire des Guerres pour aller au mans :
Auroit partY de chés la citoYenne ci-dessus nommée pour retourner, a-t-il dit, a Chartres, Et quil repasseroit Dans huit jours dans la diliGence. ce quil la citoyenne a dit au cit. landais domestique chés la dite citoYenne l’Ecuyer ce quil nous ont déclaré Sçavoir et ont Signé avec nous.
L’Ecuyer Landais »[1]
- Dans sa seconde délibération, la municipalité de Nogent envoyait des commissaires chez le citoyen Proust le jeune, receveur du district, pour chercher un fusil déjà réquisitionné par la commune de Trizay et déposé en la maison commune de Nogent qui avait disparu. Le fusil était bien chez le citoyen Proust, il lui avait été remis par le citoyen Chevrel officier municipal de Nogent. Nous apprenons au passage que Proust-fils avait déposé ce fusil chez un de ses fermiers afin qu’il échappât à la réquisition… attitude bien peu patriotique de la part d’un fonctionnaire public. Il semblerait que l’affaire en resta là et le fusil remis au citoyen proust-fils pour « « oter toutes Suspicions aux malintentionnes ». La municipalité de Nogent ne voulant sans doute pas envenimer les choses d’autant qu’elle sortait d’un très long conflit avec le citoyens Proust-père qui avait, après plusieurs mois de contestations, été destitué de son poste de receveur du district pour défaut de certificat de civisme[2] et remplacé par … son fils secrétaire dudit district. Cependant quelques jours plus tard, le 26 novembre 1793, le citoyen Chevrel démissionnait de son poste d’officier municipal sans que cette démission ne suscitât de vifs regrets au sein de la municipalité. De làà y voir une conséquence de sa « complicité » avec Proust-fils il n’y a qu’un pas, bien que rien d’absolument positif ne nous permette d’établir ce lien de façon indubitable.
« Et ledit jour dans laditte assemblée un membre ayant réprésenté qu’un Fusil double remis a cette Commune par le cit. maire de trisay quil nous a dit avoir pris chés le fermier de gueneau quil leur a declaré etre au citoyen Proust receveur Du District ; que ce Fusil ayant été environ huit a dix jour en cette maison Commune, il avoit disparu dimanche dernier
la [ sic ] Conseil General de la Commune auroit a l’instant Deliberé de nommer quatre Commissaire Scavoir les citoyens Beaudouin Et hubert officiers municipaux Et Joubert et Beaugas le jeune notables pour se transporter a linstant Chés le cit proust pour Scavoir Si le Fusil ci-dessus mentionné Etoit en Sa possession Et qui Sur le champ il le leur auroit representé et que les dits commissaires layant reconnué[ sic ] ils auroient interPellé ledit proust pour Scavoir Si Setoit lui qui Se Seroit muni a la maison commune DuDit fusil, quil leur auroit repondu que non : ensuite ils lui auroient demande qui le lui auroit remis Et quil avoit reponDu quil n en avoit aucune connoissance
qu’a cet enDroit le cit. Chevrel officier municiPal etant a la maison commune a declaré que c etoit lui qui avoit Sequestré le fusil de la maison Commune Et remis a la domestique dudit Cit. proust
que quoique ledit Fusil ne soit pas necessaire audit cit. proust puisquil l’avoit Sequestré de Sa maison pour le cachér Chés Son fermier dans une autre Commune distante d une lieüe Et dans celle-ci pour le Soustraire a la loy de la requisitioN neanmoins le conseil Géneral ayant delibére a dit que pour oter toutes Suspicions aux malintentionnes, il declaroit que ledit Fusil Seroit remis Es mains du cit. proust des ce Soir qui en Donneroit récépissé au Sergent de ville qui le lui porteroit rapport au tresor national dont il est dePositaire Et ont nommé le cit Chabrun pour lui porter Sur le champ accompagné de gabert et marole
Ledit Fusil double, a l’allemande en ornement, plaques De couche a huit creille, Sousgarde a l’Espagnol a Bascule, Bayette de Balene, portant engravure Besselle, a Chartres Bassinet Bridé, platine ronDe, canon damasquiné en oR portant Besselle a Chartres, canon tordu.
Dont et duTout ci-dessus le cit Beaudouin officier municipal Et vice president du comité de Surveillance auroit demandé au conseil General il [ sic ] lui Fut delivré expeDition a lui octroyé par le conseil General. Dont acte
VaSseur
G Petibon Maire
Beaugar le jeune J Sortais Beuzelin
f. G. verdier J. C. Joubert A Jallon hubert
ferré Bacle L. ferré J Gautier Rigot
Regnoust Lalouette Beaugar le gros
Baudoüin Chevrel Pi chereault
Tarenne grenade
P.re Lequette
P.r de la C »[3]