Le tridi 13 frimaire an II, jour du cèdre ( mardi 3 décembre 1793 ), la municipalité de Nogent-le-Rotrou tenait deux délibérations.
- Dans la première, la municipalité constatant que le courrier allant des villes de l’Ouest ( Angers, Le Mans ) à Paris ne circulait plus, à cause des brigands « vendéens », décidait d’envoyer sur le champ une voiture pour Chartres afin de remédier à cette interruption :
« Aujourd’huY treize Frimaire Seconde année de la republique Française une et indivisible
En l’assemblée permanente du Conseil general de la commune de nogent le rotrou tenüe publiquement
Le procureur de la commune a observé que la route d’angers au mans Se trouvant interceptée par les rebelles de la vendée, la malle ne pouvant venir de ces endroits pour Se rendre a paris Comme il est d’usage, que le Couriers de malle ne passant plus par cette ville pour Se rendre a paris depuis jeudy dernier huit frimaire ; que depuis ce tems les affaires+ publics + peuvent Souffrir de cet inconveinent [ sic ] tant Par lettres d’Echanges Billets et autres paquets qui Se trouvent déjà En retard de Cinq jours ; que cette interruption deviendroit de la dermiere Consequence pour le commerce Et pour le Bien public En general, qu’en consequence il demandoit quil Fut envoyé un Courier dans ce jour Chargé des paquets retenus a la poste pour les porter a Chartres au bureau de la poste aux lettres a Six heures du Soir afin que de ce Bureau ils puissent parvenir à leur destinations respectives.
Surquoi le conseil general déliberant Et Convaincu de la justice du requisitoire du procureur de la commune, arrete que le citoyen Boucher Facteur de la poste aux lettres de cette ville partira Sur le champ En porter # [ rajout en fin de délibération : # aux Frais de l’administration ] pour porter a Chartres a leur destination les lettres Et paquets retenus en cette ville, Et que Copie de la presente Sera envoyée a l administration de district pour par lui etre appuYée dont acte »[1]
- Dans sa seconde délibération, la municipalité de Nogent, tenant compte des menaces qui pesaient sur la ville par la proximité des « vendéens », arrêtait de se concerter avec le district afin de faire fondre des munitions pour les deux pièces d’artillerie ( 50 boulets et 3 000 biscayens[2] ) afin de les recevoir, en cas de besoin, comme il se devait :
« Et le dit jour audit an dans la meme Séance le procureur de la Commune a representé que la ville Etante [ sic ] menacée d’une invasion prochaine Et Subitte par les rebelles de la vendée : que notre ville n’etoit qu’a treize lieues du mans : qu’il n y avoit aucunes munitions propres et notamment de Biscallins pour charger les deux pieces de canons qui Sont En cette ville : qu’au premier moment le cit garnier[3] répresentant du peuple en ce moment au Mans pouvoit requerir la compagnie des canoniers Et les deux pieces : que pour lors ils Se trouveroient Sans deFenses quil croyoit necessaire d inviter l’administration de district a Envoyer Sur le champ un Commissaire au Fourneau Du moulin rénaule pour l’Engager S’en [ sic ] desemparer a Fondre trois mille Biscallins de la grosseur des models qui Seront presentés, Et cinquante Boulets suivant le model.
Surquoy le conseil General deliberant arreté quil va etre envoyé deux Commissaires a l’administratioN de district afin de Se concerter Sur le mode le plus prompt d’ExecutioN du proposé ci-dessus Et nomme pour cet effet les citoyens vasseur maire Et regnoult membre du conseil dont acte
VaSseur G Petibon
Maire
f. G. verdier Beuzelin J. Jallon aine Regnoust
J. C. Joubert Tarenne J Sortais ferré Bacle
A Jallon L ferré
Hubert grenade Beaugars Le jeune Caget
Beaugar lainé
J Sortais Pi Chereault
Rigot Tarennes Roger le Comte
Tison P.re Lequette
[1] A. M. Nogent – le – Rotrou 1 D 2, feuillet 132 verso.
[2] C’étaient des boîtes à mitraille, soit des cylindres de fer blanc remplis de petites balles en fonte ( les biscayens proprement dit ) qui avaient un effet très meurtrier sur l’infanterie et la cavalerie ( renseignement puissé sur le site « Histoire pour tous » : http://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/4239-lartillerie-de-la-grande-armee-de-napoleon.html ).
[3] Le Conventionnel Jacques Garnier, dit Garnier de Saintes.
[4] A. M. Nogent – le – Rotrou 1 D 2, feuillets 132 verso.et 133 recto.